L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux – Nicholas Evans

Tom ne trouvait pas cela bizarre. Il savait qu’il existait des instants où le monde choisissait de se révéler ainsi, non comme on aurait pu le croire, pour railler notre condition ou nos insuffisances, mais simplement pour affirmer – pour nous et pour toute la création – la valeur même de l’existence.

p. 246

Chers amis des mots,

Il existe des livres qui nous appellent, parfois durant de nombreuses années d’affilée. Il existe aussi des histoires qui nous marquent d’une empreinte plus que d’un souvenir. “L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux” de Nicolas Evans, c’est ça, pour moi. 🐴

Je pense avoir vu le film quand j’étais adolescente. Et je me rappelais très bien du regard puissant de chaque acteur·ice, de la profondeur des émotions. Je me rappelais aussi une histoire d’amour un peu tabou pour l’époque, d’un cheval, bien sûr, et d’une reconstruction entière. Par contre, je n’avais aucun souvenir de la fin. 🤷🏻‍♀️

C’est ce qui m’a décidée à franchir le pas du bouquin. Et aussi le fait que Lovely vendait une très jolie édition reliée de la version poche chez Pocket. 🙂

Je ne regrette pas une seule seconde d’avoir plongé à une époque où le fax était encore très utilisé. La plume est superbement poétique, et chaque personnage, aussi secondaire soit-il, possède sa propre voix. Les traumatismes d’un accident, d’un animal, d’une fillette de 13 ans, de parents culpabilisés… C’est décidément mon dada. 🤭

Et lorsque Grace vit les dents blanches de Scott fendre la couche uniformément brune, elle se joignit aux rires. Alors tous ensemble ils s’esclaffèrent à pleine voix, longuement et sans malice, et Grace se sentit à sa place – et songea que la vie, peut-être, pouvait être belle.

p. 265

J’aimerais surtout saluer le travail de traduction de Valérie Malfoy, hyper-qualitatif, qui a retranscrit autant les expressions américaines que l’intensité des émotions. Je ne peux pas cacher que le livre soit teinté d’un brin de sexisme, mais il date des années 90’, et cette impression disparaît complètement avec l’avant-gardisme d’Annie. 👩🏻‍💻

On suit autant la mère que la fille, autant la famille du guérisseur que le “chuchoteur” lui-même. Ces protagonistes forts contribuent énormément à faire voyager, tout comme les nombreux passages de contemplation humaine ou environnementale. Il y a de la sensorialité, de l’attachement, mais surtout beaucoup de lenteur. Et je n’en parle pas comme d’un défaut ici. 💜

– Non… Mais voyez-vous, Annie, là où il y a de la douleur, il y a encore de la sensibilité. Et là où il y a de la sensibilité, il y a de l’espoir.

p. 283

Ce ralentissement m’a permis d’aborder le mois de janvier avec beaucoup de douceur. Et même si la fin m’a laissé un sentiment d’inaccompli, d’injustice, c’est comme si les choses se recalaient, s’emboitaient naturellement. Parfois, des gens nous laissent une trace inoubliable, puis ils sortent de notre existence. Un peu comme les animaux. Un peu comme les douleurs. Un peu comme les livres.

Ma note Livraddict (18/20)

Connaissez-vous cet ouvrage ? J’attends vos avis en commentaire. 😘

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