Chers amis des mots,
Je rattrape gentiment mon retard sur mes micro-chroniques littéraires avec « Gros sur le cœur » de Carène Ponte. Paru en 2018 aux éditions Michel Lafon Poche, il s’agit d’un roman inspiré du vécu de l’auteur. Si vous me connaissez un minimum, vous savez que le thème du harcèlement scolaire me touche particulièrement et il me semblait intéressant de voir comment on pouvait aborder cela par le biais de la fiction.
Bref synopsis personnel : C’est l’histoire de Mélissa, 17 ans, représentante de tout un tas d’adolescentes en mal de soi. Moquée, jugée sur des critères sans fondements, elle trouvera refuge après de personnes dont elle aurait dû se méfier.
Sujet/Résumé : Il donne une bonne idée du roman, en dit juste assez pour qu’on ait envie de se plonger dans l’intrigue, expose une thématique qui peut toucher tout le monde, de près ou de loin. 5/6
Narration : Le langage global est peut-être un peu trop « adulte » au départ par rapport à l’âge de Mélissa. Cependant, l’écriture est très fluide, les phrases simples, courtes, accessibles, efficaces. Le fait qu’il y ait un peu plus de dialogues que de passages descriptifs n’est pas gênant, au vu du public visé. On se fait percuter par des instants forts et des punch line saisissantes. Tout est narré du point de vue de la jeune fille, l’ensemble ponctué de références très jeunes et actuelles, de fantasmes évidents pour la période et de repères très fragiles auxquels Mélissa ne peut pas s’accrocher. Il m’a manqué un brin de sensorialité et certains passages m’ont semblé faciles. 5/6
Ambiance et Environnement : Plus que la narration, le ton moderne est accordé à l’environnement. L’auteur nous projette tant dans une ambiance réaliste qu’un peu gnian gnian par moments. Cela ne m’a pas empêchée d’apprécier la lecture, au contraire, j’avais besoin de cela. Les sentiments comme la haine de son corps, l’impact du jugement et les premiers émois sont très bien décrits et permettent une immersion certaine.
Il y a ce passage un peu étrange ou tout dérive, dont je ne vous parlerai pas dans le détail pour ne pas spoiler. Ce moment où Mélissa est seule devant son miroir, qui s’intensifie avec le temps. Il m’a mise mal à l’aise, pas dans le bon sens. C’était peut-être trop éloigné de ma réalité. Mais j’ai aimé que, de ce malaise qu’elle ressent aussi, Mélissa en retire une certaine assurance de femme. 5/6
Personnages : Les personnages sont loin du cliché, ils sont néanmoins identifiables et font qu’on s’attache au récit. Je me suis retrouvée en la maladresse de Mélissa, en son embonpoint qui est arrivé au même moment pour moi. J’ai maudit comme elle son surnom dégueulasse (je n’avais pas le même, mais son impact était le même), j’ai vécu cet instant des cheveux à en avoir mal au bide. L’écriture rend visible ce que personne ne veut voir.
Les personnages secondaires sont riches, souvent attachants dès le départ (je pense au si gentil Greg), ce qui rend le retour au cauchemar encore plus terrible et les erreurs de Mélissa assez détestables. On se prend tout de même d’affection pour elle et on lui pardonne, surtout si on a vécu des choses similaires. Parce que quand on a mal et qu’on est seul, on prend forcément de mauvaises décisions. 5/6
Fin surprenante ? Le récit se veut encourageant, plein d’espoir. Ainsi, la fin n’est pas surprenante. Ce n’est ni un regret, ni une satisfaction. Il faut montrer autant le bien que le mal. 4/6
Moyenne : La thématique mérite d’être abordée et la plume de Carène Ponte a su m’emmener là où j’étais prête à me replonger. C’est un livre à mettre entre les doigts des jeunes, surtout des harceleur, pour une prise de conscience des conséquences de leurs actes. 4.8/6
Avez-vous déjà lu Carène Ponte ? Que pensez-vous de la façon dont elle a abordé cette thématique ? Partagez vos avis là-dessous ! 🙂
À très bientôt.