La tresse – Lætitia Colombani

Chers amis des mots,

Impossible de ne pas voir passer « La tresse » de Lætitia Colombani sur tous les réseaux sociaux depuis son édition en poche (2017) chez Le Livre de Poche. Une amie me l’avait également conseillé et je ne savais pas à quoi m’attendre. J’imaginais forcément un récit dramatique, chargé d’histoire et je n’avais pas vraiment envie de tomber dans le pathos. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir, au premier abord, un si petit ouvrage !

Bref synopsis personnel : C’est l’histoire de Smita (Inde), Giulia (Sicile) et Sarah (Canada). Trois femmes qui n’ont presque rien en commun, sinon le cheveux. Drôle d’idée, a priori… C’est pourtant un lien plus que symbolique dans ce récit.

Sujet/Résumé : Il donne une bonne idée du roman, sans émotion. Spontanément, si on ne m’en avait pas parlé, je ne me serais pas jetée dessus. C’est dommage, le livre mérite davantage de succès encore. 4/6

Narration : Le prélude donne directement le ton, alors que le reste du récit n’est pas rédigé en vers. On sait simplement que ce sera beau. Chaque personnage a son langage et ce, malgré la narration à la troisième personne. L’écriture est fluide, les phrases courtes, rudes, sincères, comme le sont ces trois femmes. Pas de dialogues, du moins pas comme on a l’habitude d’en voir. Certains passages sont piquants, vifs, violents. Sans détails, juste avec cette boule au ventre et ces larmes qui montent.
Même si ce n’est pas le point principal du roman, on sent la recherche fouillée sur chacun de ces coins du monde. Une réelle envie de l’auteur de faire les choses bien et c’est tout à fait réussi. 6/6

Ambiance et Environnement : Il n’y a certes pas beaucoup de détails. Pourtant, les passages de Smita sont plongés dans la sensorialité et les émotions. C’est poignant, on ressent tout sans avoir vécu ou partagé son existence. Il en est de même pour la passionnée Giulia, que j’ai aimé suivre dans le désespoir de ses souvenirs et son obstination présente.
Ce livre est teinté d’un féminisme juste. Il ne détruit pas les hommes, fait état de réalités parallèles et pourtant si stéréotypées. Malgré cela, je me suis retrouvée dans chaque contrée, alors que je n’en ai visité qu’une seule (la Sicile). L’auteure parle de combats, tous différents les uns des autres, mais de combats pour lesquels il faut de la force. La foi, les convictions et la résilience après le rejet sont, pour moi, les trois maître mots de « La tresse ». Sans les noter, elle arrive à nous les injecter sous la peau durant toute la lecture. Jusqu’au dernier mot. 5.5/6

Personnages : Smita est douce et cette affection qu’elle dégage lui donne une hargne sans limites. Ce personnage m’a touchée autant que Giulia, de laquelle je me suis sentie proche par ses origines, mais aussi sa façon de penser et son goût pour la lecture. Sarah reste celle qui m’a la plus refroidie, j’ai été essoufflée de son histoire, bien que son parcours soit le plus proche du mien culturellement parlant. Je m’identifiais à elle, tout en étant agacée par son comportement. J’ai senti comme un détachement de l’auteur, moins d’implication… Et tout de même une impression de déjà vu, puis une envie de la secouer. Difficile à décrire.
J’ai profondément apprécié Nagarajan et Kamal, les deux seuls personnages masculins qui nourrissent ces femmes fortes et les aident à avancer. Pas de clichés et tellement d’amour dans ce pragmatisme poignant. Le naturel est beau. L’envie d’avancer encore plus. 5.5/6

Fin surprenante ? J’ai tissé leur lien à toutes les trois au dernier tiers du récit et n’ai donc pas été surprise par la fin. Néanmoins, elle est magnifique. Parce qu’au départ, si on ne connaît aucune des trois cultures, on peut se laisser entraîner vers « Quel lien entre ces trois battantes ? ». Et alors tout nous apparaît, comme une merveilleuse évidence. 5/6

Moyenne : J’ai envie de pousser les gens qui n’aiment pas lire sur cette pépite. De leur exploser la tête dessus, pour les inviter à ouvrir les yeux. Chaque bataille peut être gagnée. On a envie d’y croire, grâce à « La tresse ».
Des larmes sur des cheveux.
De l’espoir sur les épreuves. 5.2/6

Avez-vous aimé ce livre ? Qui vous le plus ému ? Dites-moi tout en commentaires !

Et à très bientôt.

3 commentaires sur « La tresse – Lætitia Colombani »

  1. Je l’ai apprécié (tiens, faudrait que je le chronique aussi) mais il m’a manqué quelque chose. Je le trouve finalement assez lisse… Je ne sais pas, encore trop en surface. On sent les difficultés, les injustices, les violences, mais je trouve que ça ne va pas encore assez au fond des choses. Après, le tressage de ces trois vies de femmes est une belle idée qui mérite son large succès.

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    1. Je comprends tout à fait ce que tu veux dire par le mot « lisse ». Je ne l’ai pas mentionné, mais il m’a effectivement manqué de la passion, la vraie, particulièrement du côté de Sarah. C’est un peu frustrant. Peut-être est-ce lié au fait que le roman soit court et que l’approfondissement n’ait pas sa place ?

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      1. C’est pas impossible que ce soit dû à la longueur du livre oui. Parce qu’il s’en fallait de peu pour que je bascule du côté du coup de coeur. ^^ Mais bon, ça a été un très agréable moment de lecture malgré tout.

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