Chers amis des mots,
Je suis restée avec une auteur suisse pour ma première lecture de 2020, accompagnée de la valeur sûre Plaisir de Lire. Dans le cadre du Cold Winter Challenge, je me suis laissée emmener par Sylvie Barbalat dans un cadre plus réaliste que la fantasy, sans pour autant quitter l’imaginaire. Les rêves m’ont semblé être un bon choix, que je ne regrette pas aujourd’hui.
Bref synopsis personnel : C’est l’histoire de Claire et Joël, un duo de choc qui découvre un journal bouleversant, témoignant d’un pays qui n’existe pas, sauf pour eux. Ils partiront à la recherche du passé, pour mieux aborder l’avenir.
Sujet/Résumé : Le résumé joue son rôle. Après le titre, c’est grâce à lui que j’ai acheté le bouquin. Il est complet et en révèle juste assez pour que nous soyons intrigués par l’histoire de Makala. 5.5/6
Narration : La narration revêt différentes formes tout au long de l’histoire. Elle est dynamique au début, grâce à beaucoup de dialogues, qui permettent de saisir les personnalités des protagonistes comme des personnages secondaires. On oscille entre une histoire profonde, celle de la mère de Joël, puis un brin d’humour, ce qui chasse la monotonie à grands coups de pieds.
Arrivent les passages du journal de Makala, qui raconte sa vie, ses sentiments, son parcours avec des mots simples mais si prenants. Je pense qu’il s’agit de mes moments préférés, même si le reste du récit est rédigé à la première personne du point de vue de Claire.
Le tout est ponctué d’un travail de recherche que l’on sent à travers les références sur la guerre, le communisme et ses conséquences, aussi sur les pays orientaux et/ou d’Afrique du Nord (référence intéressante sur l’immigration en p. 98).
Un bond de neuf dans vers la fin du récit m’a donné l’impression qu’on souhaitait vite nous amener à la fin. Les réflexions et échanges sont moins creusés par l’émotion, il y a davantage de faits. Malgré cela, la narration est fluide, tout au long, à travers ses différents costumes qu’elle nous donne envie d’essayer. 5/6
Ambiance et Environnement : Dès les premières pages, on trouve des détails identifiables et plaisants ; j’ai aimé trouver la Suisse dans ce récit.
L’auteur aborde des thèmes comme l’isolement des personnes âgées, qui est rarement mis en avant, surtout lorsqu’il est question d’aventure. J’ai trouvé les dialogues et résonnements profonds, nécessaires au déroulé de l’intrigue ; un vrai message. Tout comme celui de l’adaptation à une culture différente de la nôtre, qui peut sembler barbare et à laquelle on doit adhérer si on veut éviter les soucis. J’ai apprécié que des « européens » se rendent dans cette contrée et ne réussissent pas forcément à imposer leur point de vue. Tout comme j’ai souri à la remarque sur le sarrasin en p. 135-136, qui reflète parfaitement le décalage entre ce qu’il fallait avoir à l’époque pour survivre et la façon dont on utilise ces ressources aujourd’hui.
On découvre aussi un concept original, celui des Maîtres des Rêves, que l’auteur introduit par un pays imaginaire que l’on peut croire réel, tant les précisions sont soignées. Elle a tout pensé, tout construit pour qu’on y croit, qu’on s’immerge. L’essence-même du fantastique par petites touches.
Par contre, à mon sens, la narration manque de sensorialité à plusieurs endroits, notamment lors des moments charnels. La tendresse, la communication ou la symbiose des sentiments ne suffisent pas à traduire la tension qui peut exister entre deux êtres. J’en aurais voulu davantage pour pouvoir dire que les lignes étaient saisissantes. Cela ne m’a pas empêchée d’avoir les larmes aux yeux à la mort de… 🙂 5/6
Personnages : Après vérification, il est indiqué que les personnages sont âgés dans le résumé. Pourtant, je n’avais pas compris cela au départ et ai été surprise de les trouver autour de leurs septante ans. Bien qu’en forme, leur ancienneté m’a dérangée pendant ma lecture, car j’ai eu de la difficulté à m’identifier à certaines façons de voir les choses. Probablement les comprendrai-je lorsque je serai plus grande !
Au-delà de cela, Claire et Joël sont attachants. Le fait qu’ils soient complémentaires donne du punch au récit et rend leurs échanges ainsi que leur aventure dynamiques. Le caractère franc et pragmatique de Claire a su me séduire, là où Joël m’a semblé parfois trop effacé. Makala prend le dessus sur eux deux et son lien avec Itann m’a bouleversée à plusieurs reprises. J’aurais certainement préféré que le récit soit écrit de leur point de vue, il aurait été très immersif.
Globalement, les personnages secondaires sont riches, nourrissent vraiment ce couple qui semble avoir tout appris de la vie, sans l’avoir apprivoisée. Matt m’a beaucoup plu, même si on le voit très peu ; il représente ma tranche d’âge, mes convictions, la descendance et l’avenir. La brève référence au père de Claire m’a fait penser à mon Grand-Soleil. Puis il y a ce philosophe aux félins qui donne des touches de morale non-jugeante. Cela m’a fait penser à L’Alchimiste de Paulo Coelho. Les p. 240-241 sont belles et rappellent l’essentiel.
J’avoue à contrecœur avoir légèrement décroché vers la p. 200. Je me suis perdue dans les personnages, nombreux, moins développés, et ai été troublée par la décision de Joël et Claire qui me semble encore aujourd’hui pas vraiment éthique, bien qu’elle soit argumentée. 4,5/6
Fin surprenante ? C’est une jolie fin, même si on sent de la naïveté dommage dans les propos de Naora. L’avenir se dessine sous le soleil, sans certains personnages. Toutefois, sans réelle surprise et sans énergie particulière. 3/6
Moyenne : C’est un livre à lire pour ses paysages, ses cultures, ses souvenirs. Un ouvrage que je conseillerais plus volontiers à des gens qui ont une expérience de vie. Ou qui souhaite se la construire à travers la littérature suisse. ♥ 4,6/6
Avez-vous envie de rencontrer les Maîtres des Rêves ? Quel pays imaginaire vous a marqué ?
J’attends impatiemment vos avis et vous dis, en attendant, à très bientôt entre nos lignes !
Un avis sur « Le Maître des Rêves – Sylvie Barbalat »