Chers amis des mots,
Une petite cure de Gilles Legardinier pour la route ? « Quelqu’un pour qui trembler » me fait de l’œil depuis plusieurs années. Sorti en 2015 chez Fleuve Éditions, il attendait patiemment que j’honore le fait qu’on me l’ait offert. En parallèle, une amie me l’a conseillé en se souvenant de la tendresse qui émanait de ce bouquin, j’ai donc voulu continuer dans ma lancée des choses qui font du bien. J’ai eu une grosse déception arrivée à 150 pages de la fin ; je ne la détaillerai pas ici au risque de vous spoiler, mais la note en pâtit un peu, du coup. ☹
Bref synopsis personnel : C’est l’histoire de Thomas, parti à l’étranger pour sauver des vies en laissant la sienne derrière. Il apprend qu’il a une fille en France, que son pays a bien changé… Par sa piètre expérience de père, il trouvera d’aussi magnifiques âmes humaines que celles qui l’ont guidé jusqu’à présent.
Sujet/Résumé : Je vais parler plutôt du sujet que du résumé : il m’a touchée et donné envie de connaître Thomas. En revanche, malgré la maîtrise de l’auteur sur les émotions, il traite les sujets de l’amour paternel et de l’infidélité d’une façon très maladroite dans ce bouquin. Cela m’a beaucoup dérangée, surtout pour la lecture du dernier quart du livre et me laisse un petit goût amère… Très dommage, car le message global est beau, comme dans chacune de ses histoires. 3/6
Narration : Comme toujours avec Gilles, on trouve une narration très fluide, accessible et bien rythmée. Les chapitres sont découpés idéalement, écrits à la troisième personne et au passé, mais cela ne réduit en rien l’immersion dont je parlerai un peu plus bas. De magnifiques réflexions ponctuent plusieurs passages de l’ouvrage, des invitations à l’introspection en douceur, par l’humour ou de façon plus radicale, mais toujours avec beaucoup d’humanité.
Comme énoncé plus haut, j’ai été très déçue par le traitement des deux sujets, qui m’ont beaucoup froissée. Je me suis sentie trahie, gênée, et le récit m’a semblé plus longuet à partir de là, à l’instar de ce poing qui traîne dans les côtes lorsqu’on a couru sans veiller à son souffle. Peut-être avais-je trop d’attentes ?
Malgré tout, les instants sublimes que l’auteur nous expose avec ces belles personnes réussissent à me faire chavirer et penser que la vie elle belle, purée. Elle est si belle et on a envie de la croquer en refermant le bouquin (particulièrement en lisant les remerciements). J’ai versé deux-trois larmes. 5/6
Ambiance et Environnement : J’ai beaucoup apprécié tomber sur des instants de contemplation, des pauses dans la cadence effrénée de la vie. L’auteur nous fait voyager en nous rapprochant de l’Humain, tout en nous amenant vers des lieux. L’Inde m’a parue souffrante mais jolie, rien que par les gens qui s’y trouvent. On voyage à travers les intempéries, les couchers de soleil, tout en découvrant des cœurs, des caractères, des vécus dont on se souvient. Gilles arrive à nous rappeler « la vraie vie », ce qui permet de trouver des repères précis, de se retrouver chez soi au premier coup d’œil, même s’il nous entraîne ailleurs.
J’ai trouvé un peu plus de sensorialité dans ce livre-ci, alors qu’étonnamment, les relations amoureuses ne sont pas le centre du récit. Quelques scènes d’action donnent du cachet à l’histoire, les bonnes clés pour comprendre les personnages. L’auteur a le don de la comparaison nette, très visuelle. Celui aussi de transmettre des émotions profondes rien qu’en alignant des mots. La présence et l’importance de la musique et des animaux (si si, il y a un lien) y est bien décrite, elle prend sa place, réchauffe l’hiver, fait passer un message important : on peut guérir avec. 5.5/6
Personnages : Thomas me laisse un sentiment très étrange. Son retour en France m’a émue, je me suis sentie perdue en même temps que lui, tant émotionnellement que géographiquement. Et même si je ne suis pas maman, l’auteur a réussi à m’immerger dans ce personnage maladroit, un peu déconnecté du monde. En revanche, je me suis demandé tout du long quelles étaient ses limites… En particulier sur les deux thématiques qui m’ont posé problème, j’ai trouvé des incohérences. Car Thomas, dans son esprit protecteur qui le fait sortir de toute « normalité », dévie presque dans le non-sens. J’ai trouvé qu’il allait trop loin dans ses filatures. Et j’ai été très déçue qu’il écarte « l’erreur », en acceptant de ne pas défendre son enfant, alors qu’il affirme et démontre le contraire pendant les ¾ du livre. Aussi, il me laisse un sentiment d’ambiguïté, d’attachement et de confusion. À l’instar de Romain.
Toutefois, absolument tous les autres personnages m’ont laissé des marques (même si je me mélangeais un peu les pinceaux avec les prénoms des résidents). J’ai littéralement adoré Pauline et son caractère entreprenant, blagueur, tout comme la folie des pensionnaires ou la délicatesse de Michael. Chacun apporte son poids, son parcours, pour nourrir le personnage principal. 5/6
Fin surprenante ? La fin n’est pas surprenante en soi, mais reste tout de même sur la lignée des leçons que l’auteur veut nous transmettre. Les personnages sont assez gris, en fin de compte, or cette couleur comporte elle aussi des nuances qui, à mon sens, ne sont pas assez mises en avant à la fin de l’intrigue. Cela reste une belle fin, remplie d’espoir. On en manque un peu, par les temps qui courent. 5/6
Moyenne : C’est un livre à lire pour apprendre le voyage. Une aventure dans l’âme de l’autre, ce monde où les sentiments sont les nôtres, mais aussi les siens. Un voyage pour apprendre à connaître son prochain, à l’accepter, à l’aider après une chute. Les bleus du cœur peuvent arrêter de faire mal si on les soigne bien. Ça n’empêche pas de trembler pour quelqu’un… mais trembler, c’est vivre, non ? 4.7/6
Avez-vous déjà lu « Quelqu’un pour qui trembler » ? Qu’en avez-vous pensé ? Qu’auriez-vous envie de trouver dans un livre comme celui-ci ?
En attendant vos avis et impressions, je vous dis à très bientôt entre nos lignes. ♥
Un avis sur « Quelqu’un pour qui trembler – Gilles Legardinier »