Quand la nuit devient jour – Sophie Jomain

Chers amis des mots,

Je vous présente une grosse claque aujourd’hui, nommée « Quand la nuit devient jour » de Sophie Jomain. [SBAF] C’est le premier roman que je découvre de cette auteur. Selon elle dans une interview, ce n’est le genre qu’elle écrit d’habitude. Eh bien j’ai envie de lui dire : « Continuez à sortir de votre zone de confort, madame, c’est SUBLIME ! ». J’ai vu passer ce livre de 2017 aux éditions J’ai Lu dans une vidéo de Margaud Liseuse et l’ai acheté il y a un petit moment déjà. La thématique m’a frappée au cœur, j’attendais d’être prête pour foncer. Conclusion : je crois que ce n’était pas possible de me préparer à ça.

Retrouvez la micro-chronique complémentaire ici :
https://youtu.be/h-5pS1RSCEg

Bref synopsis personnel : C’est l’histoire de Camille qui ne se sent pas à sa place. Ni dans le monde, ni dans son corps. Elle en fabrique un malaise ancré dans ses entrailles, un mal-être qui lui fait aimer la mort. Elle la veut, elle la désire, elle l’attend. Camille va rencontrer des obstacles, mais aussi de si belles personnes qui sauront rendre ses derniers jours plus doux. Mais la mort est-elle vraiment une fin ?

Sujet/Résumé : Le résumé m’a happée, il utilise les mots comme ils sont, sans artifices. On sait de quoi on parle et vers quoi l’on va. On pense être prêt par la date de ce jour programmé. Ce qui se cache entre les pages est tellement plus grand, tellement plus beau. 5.5/6

Narration : Les quarante-quatre premières pages sont particulières. Rédigées à la première personne, au passé, elles nous apprennent le parcours de Camille, l’origine de la douleur de cette jeune femme. Les lignes se suivent par des phrases courtes, factuelles, tranchantes. La cruauté du monde l’accable dès l’enfance. Elle subit et c’est si bien retranscrit.
La suite de la narration est au présent, plus froide. Puis elle se dirige petit à petit vers un vocabulaire plus ouvert, un brin de poésie, les émotions. La douceur arrive en même temps que certains personnages ; ils donnent de la vie là où Camille ne voit que la mort.
Parfois, une pointe d’humour détend l’atmosphère, amène une petite cuillère d’humanité et de chaleur. Crescendo, ces touches deviennent des éléments du paysage, le corps du récit.
On sent que les thématiques exposées sont documentées, reconnues et pourtant pas expliquées à but d’être apprises par le lecteur. Elles sont étendues là pour être vécues. L’équilibre entre descriptions et dialogues est bien mené (malgré le retour de certains mots ou expressions), on reste accroché, on attend la fin. Puis vient le moment où on apprend que c’est la fin qui nous attendait. 5.5/6

Ambiance et Environnement : On lit quarante-quatre pages, mais on a la sensation d’en lire bien plus. Les détails liés au poids de Camille sont très parlants, centraux et personnifient l’origine de sa douleur. Je me suis retrouvée dans cette capacité, ce don de faire semblant, quand on est en dépression : personne ne voit que ça ne va pas. Il y a beaucoup de violence dans ce livre. Une violence silencieuse : les regards, les sensations, cette enveloppe qu’on déteste, les mots des autres parfois, ses mots à soi souvent. L’hospitalisation est si rude, traumatisante. La tentative de suicide libératrice et… des pages plus tard, l’envie d’aller mieux n’est toujours pas là. La protagoniste ne veut jamais aller bien, elle n’arrive plus à faire semblant. Seule la culpabilité la fait rester, pas même vivante, juste rester. Jusqu’à ce que ce soit trop difficile. L’automutilation, la boulimie, l’anorexie, les idées noires… On descend et on peut comprendre le choix d’une euthanasie, même à 29 ans. 5.5/6

Personnages : On a envie d’aider Camille alors qu’on sait que c’est impossible. On veut croire ses parents qui ne comprennent pas sa décision. En étant dans la tête de la jeune femme, il est ardu de pencher de l’autre côté. On en veut à Camille… seulement si on n’a jamais vécu de dépression. La mélancolie la définit, elle ne respire plus. Moi j’ai senti nos deux cœurs battre à l’unisson. Même si je n’ai jamais voulu autant la mort qu’elle la convoite.
Malgré tout, le Dr Peeters arrive. Il fait entrer la douceur, ne juge pas, enveloppe, l’aide à se rappeler la tendresse, sans chercher à éviter la question. La froideur de Camille s’estompe, elle retrouve ses parents, ses sentiments, se fait une amie, tombe dans les bras d’une tante. Les rires s’invitent, timides. L’amour aussi.
Les personnages sont vrais, qu’ils soient secondaires, la cinquième roue ou une partie d’elle. La jeune femme admet ce qui lui manque, sans chercher à se le procurer, tout en souffrant quand même de ne pas l’avoir eu. Il y a ces conversations magnifiques autour de la peur de la mort, des mots percutants qui assassinent, ou des mots qui donnent de la force. J’ai beaucoup pleuré, peut-être au souvenir de ce que j’ai vécu et subi aussi. Souffrir, c’est vivre quand même, quoi qu’on dise… 6/6

Fin surprenante ? [SBAF] D’abord (à cause de mes larmes ?), j’ai pensé avoir mal lu. Pensé que l’auteur nous imposait une vision terrible de la fin d’une existence. Et puis j’ai relu. Deux fois. [SBAF] Je me suis heurtée à ce genre de fins que je déteste, habituellement. Heurtée au plaisir d’adorer cette conclusion au point de la relire trois fois et de la raconter en hurlant à mon chéri qui ne lit pas. Il a souri. J’ai trouvé ça encore plus beau. Une grosse claque. Un coup de cœur. 6/6

Moyenne : Ce livre dit à ceux qui vont mal qu’ils ont le droit de choisir. Que leur vie leur appartient. Il dit aussi qu’ils ont le droit de trouver la vie cruelle ou merveilleuse. Et que personne n’a le droit de juger cela. Il dit que l’Amour (au sens large) peut surgir, donner envie de mourir ou de vivre. Puis que même s’il est maladroit, tant qu’il est là, il existe de l’espoir. Pas de pathos, pourtant. Juste une jeune femme sous une plume agréable, sincère, poignante. La mélancolie nue. La vérité. 5.7/6

Et vous ? Appréciez-vous les sujets tabous tels que l’euthanasie ? Aimeriez-vous en apprendre plus grâce à « Quand la nuit devient jour » ? Foncez ! Je me réjouis d’avoir vos avis. En attendant, à très bientôt entre nos lignes ! 😉

Un avis sur « Quand la nuit devient jour – Sophie Jomain »

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