One Day (Un Jour) – David Nicholls

Chers amis des mots,

Il y a des livres qui nous appellent et qu’on ne veut plus quitter. Puis il y a ces livres qui nous appellent et qu’on voudrait un peu oublier. « One Day » de David Nicholls (aux Éditions 10/18), c’est ça. Un savant mélange doux/amer, qu’on est curieux de goûter, mais qui nous fait grimacer une fois avalé. Vous l’aurez compris, j’ai été un peu déçue. Je vous explique pourquoi.

Bref synopsis personnel : C’est l’histoire d’Emma et Dexter, Em et Dex, Dex et Em, un couple qui se trouve, puis qui va se chercher toute sa vie durant. Cette paire va partir en quête de sa propre identité, soulevant des réflexions et brassant des tonnes de de souffrance. N’aurait-il pas été préférable de laisser la question sans réponse ?

Sujet/Résumé : Le résumé fait le job, jusqu’à promettre quelque chose qui n’existe pas. Pour l’envie qu’il m’a donné de m’accrocher, je mets une bonne note. Pour la trahison, je refuse d’octroyer la meilleure. Le 15 juillet n’était pas vraiment un rendez-vous. 5/6

Narration : Le choix du point de vue omniscient n’empêche pas l’alternance des points de vue, ce qui rend le récit dynamique au départ. Il en est de même avec les lettres, les messages, les pensées dispersées dans l’histoire et qui nous la montre sous des jours variés.
La narration est, pour moi, le point faible du texte, même si elle est très loin d’être catastrophique. Le bas blesse sur les lenteurs.  J’ai trouvé un véritable problème de rythme, de structure. Les chapitres ne sont pas forcément bien découpés, certains sont longs, d’autres bien plus courts, sans réelle raison. La majorité des descriptions sont factuelles, manquent de cachet, ne sont pas toujours nécessaires ou immersives. Lorsque, étirées à l’infini elles ouvraient enfin sur une introspection intéressante, on passait à autre chose. Il en est de même pour les dialogues qui doivent normalement montrer les traits de caractère ou le langage des personnages. Or, parfois, j’ai voulu sauter des lignes. 3.5/6

Ambiance et Environnement : Il ressort de cette lecture une impression prédominante : l’ambiance est lourde. On oublie les (trop) rares moments de douceur/de bonheur/d’apaisement, dissimulés derrière les vices/les épreuves/le mauvais karma. Si vous me suivez depuis quelques temps déjà, vous savez à quel point j’aime les drames. Mais, dans ce roman, seules les quelques pointes d’humour (si british que j’ai eu du mal à toutes les saisir), les maigres instants d’introspection et cette envie irrépressible de connaître la fin dont on m’a tant parlé m’ont maintenue en haleine. Le reste du temps n’était que contrainte. Pas seulement à cause des longueurs énoncées plus haut, surtout parce que j’ai senti la lourdeur de vies sans garanties, sans filet, sans attaches sauf une, qui est réduite à néant à la moindre occasion. Cette histoire, c’est 90% de douleur/frustration, 10% de satisfaction/sourires. Alors certes, les récits frustrants peuvent être saisissants, laisser le lecteur dans un suspense et une tension qui lui fera tantôt vivre l’expérience, tantôt mouiller sa culotte. Ça n’a pas été le cas pour moi ici.
Noyée dans tout ça, j’ai cruellement manqué de sensorialité. Je me suis forcée à lire des descriptions parfois trop longues et des dialogues souvent superflus. L’auteur m’a frappée, laissée au sol et est revenu appuyer sur mes hématomes avec insistance ; le même effet. Le manque de sentiments, l’insipidité de la majorité des personnages et les longueurs ont failli me faire abandonner ma lecture dans les deux premiers tiers. Malgré les éléments détaillés sur les époques, tant sur les musiques que sur la culture en général et les galères des jeunes confrontés au dilemme Rêve VS Réalité, je me suis sentie plongée dans un bouillon trop salé tout.du.long. Alors qu’il y a ces morceaux de réalisme, des débuts d’analyse prometteurs, ils deviennent des biscuits tendus et retirés au dernier moment. En somme, beaucoup de potentiel à mon sens pas assez exploité.
À la fois, il y a ces moments où j’ai été émue. Où j’ai eu le nez qui piquait et où je n’arrivais plus à lire tellement je pleurais… Et je tombe sur LE passage qui bouleverse tout pour amener la fin. Je le trouve si brutal, puis si insignifiant…
Quel dommage ! 4/6

Personnages : Je me suis vraiment beaucoup identifiée à Emma. À son caractère un peu revêche du début, à ses sentiments refoulés, à sa compassion et sa façon d’être passionnée. Mais aussi à tout ce qu’elle traverse, bien que nous ayons une vingtaine d’années d’écart. C’est un personnage qui m’a touchée par son humanité et la vérité qu’elle dégage, les déceptions qu’elle encaisse, les ratures de sa vie. Et par son rapport à l’écriture, le fait qu’elle tienne bon, jusqu’à la reconnaissance. Le fait qu’elle trouve une sorte de sérénité à un moment m’a plongée dans ma propre vie et les questionnements profonds qui me traversent encore aujourd’hui.
Dexter me laisse une impression bien plus mitigée. Il est ce que l’on pourrait appeler « un pauvre gars ». D’abord très frivole, il traite le monde comme de la merde, depuis son piédestal de jeunesse, et ne mesure pas la chance qu’il a. C’est un fuyard. Pourtant… Derrière son attitude débonnaire se cache un manque de confiance en lui qui le rend attachant. Un manque qu’il comble par tous les péchés possibles, jusqu’à ne plus pouvoir échapper au connard qu’il est devenu, parce qu’on le traite à son tour comme de la merde. Alors on découvre un Dexter aussi sensible que pitoyable, qui a sans cesse besoin d’être rassuré et que seule Emma sait comprendre. Derrière l’insouciance se cache l’angoisse, l’anxiété et l’alcoolisme.
Tous les deux n’ont de commun que le fait qu’ils cherchent un sens à leurs existences. Le reste du temps, ils le passent à se louper. Je me suis plusieurs fois surprise à serrer les dents d’agacement… à croire qu’ils le faisaient exprès, de choisir l’option du malheur. Et puis toutes ces réflexions internes si peu approfondies… Pourquoi faites-vous cela, Monsieur Nicholls ?
Dans leurs globalité, malheureusement, j’ai trouvé les personnages secondaires très transparents, complets mais sans réel intérêt pour ce couple qui se nourrit bien tout seul. Ils sont devenus des obstacles, des opportunités pour continuer à ne pas faire exister Em et Dex, Dex et Em. La mère de Dexter n’est pas vraiment attachante, pas vraiment froide non plus. Je n’a pas apprécié détester Ian, j’avais envie de lui mettre des coups de pieds. Sylvie et sa famille sont si peu crédibles qu’elle en devient agaçante. Il m’a aussi été impossible de m’identifier à Tilly. Même la petite Jasmine devient chiante à la fin, alors qu’elle était bien partie…
Pour Em et Dex, Dex et Em, je mets quand même un note agréable. 5/6

Fin surprenante ? La fin est surprenante, c’est indéniable. Cependant, elle colle au reste du texte et représente l’essence-même de cette histoire. On dirait que TOUT a été placé là pour faire mal. Dans les récits dramatiques (que j’adore, encore une fois), ça ne finit par toujours bien. Néanmoins, les embûches et traumatismes nourrissent les personnages, les font avancer. Je n’ai pas trouvé de sens à celles de « One Day ». La fin m’a brisé le cœur, oui. Mais « Et alors ?! » avais-je envie de dire. Tout cela pour quoi ? 4.5/6

Moyenne : Ce livre parlera aux maso, à ceux qui auraient potentiellement vécu la même chose que ces jeunes gens, tantôt insouciants, tantôt paumés, tantôt inadéquats. J’avais envie de les aimer, de les accompagner, de les voir galérer pour s’en sortir. Toutefois, à mon sens, c’est un échec, une frustration. Pas seulement parce que c’est une fiction très proche de la réalité, mais surtout parce que la réalité s’est éloignée du cœur.
Le doux/amer ne convient pas à tous les palais. 4.4/6

Et vous ? Appréciez-vous ces romans où les personnages ne font que souffrir ? Avez-vous lu « One Day » ou vu l’adaptation en film ? Je suis curieuse d’avoir vos avis. En attendant, à très bientôt entre nos lignes ! 😉

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