Les Chroniques Écarlates – Fabrice Pittet

Chers amis des mots,

Il faut absolument que je vous parle du recueil de six mini-romans de Fabrice Pittet, paru en 2017 chez Fantasy Éditions ! Parce qu’en plus d’être un auteur suisse super sympa, il a pris le temps de me présenter certains membres du GaHeLiG lors du Salon du Livre de Genève en mai 2019. Puis il m’a laissé cette dédicace absolument adorable… J’avais donc hâte de découvrir ses propres écrits, et je suis très loin d’être déçue !

Retrouvez la micro-chronique complémentaire ici :
https://www.youtube.com/watch?v=W3YXNEu-Mvk

Bref synopsis personnel : Vous découvrirez six histoires, six guerriers de toutes les natures, qui vont devoir se battre pour survivre, aimer, rire, vaincre. À leurs côtés bataillerons d’autres protagonistes profondément attachants et humains, qui les guideront, frapperont, larmoieront et veilleront. Tous vous feront découvrir l’Étoile, un monde sans pitié dans lequel errent pourtant de bien belles âmes.

Sujet/Résumé : Le résumé blindé de testostérone peut nous pousser à la curiosité, mais j’avoue avoir surtout été attirée par la façon d’en parler de Fabrice. C’est quelqu’un à rencontrer absolument et qui, sans aucun doute, met beaucoup de sa personne dans ses lignes. Le résumé fait tout de même son job : une phrase pour chaque mini-roman, des illustrations superbes et le tour est joué. 5/6

Narration : Je commence par le seul tout petit défaut que j’ai trouvé dans l’ouvrage : 4-5 coquilles, 4-5 fautes qui m’ont fait dire « dommage » et m’ont coupée dans l’action. Il serait vraiment sympa de la part de l’éditeur de faire cet effort de relecture.
Parce qu’en dehors de ça, la narration de Fabrice Pittet est très fluide, l’équilibre entre dialogues et descriptions respecté, et le vocabulaire varié, autant adapté à ce monde imaginaire qu’adapté au caractère brutal des nombreux affrontements et personnages qui cohabitent sur l’Étoile.
D’ailleurs, les belles descriptions de « La Gloire Écarlate » m’ont permis de me plonger directement dans l’action et l’hémoglobine. On pourrait dire qu’il ne faut pas le lire si l’on est trop sensible au sang, mais ce serait rater un premier jeune homme fort d’un caractère bien trempé. La fin m’a bouleversée… Je ne l’oublierai pas.
« Par-delà les Ondes » nous immerge sous les eaux, avec des explications et un « show don’t tell » clairs concernant une race (pour moi) inspirée et inédite. La narration cinématographique nous donne ce qu’il faut pour l’aborder, nous imprégner de ses symboles (le concombre de mer ♥) et introduire une île plus que décisive pour l’ensemble de l’intrigue. 5/6

Ambiance et Environnement : « Dans son Ombre » est ma favorite, puisqu’elle introduit un héros au passé torturé, mais aussi une femme à laquelle on peut facilement s’identifier. Ici, les points de vue sont alternés entre Ergan et un homme à la mystérieuse flamberge. Il y a des doutes, de la cohérence, on ne confond pas les personnages, leurs liens sont bien amenés et leur psychologie très approfondie, en plus d’être mature, presque philosophique par moment. Puis arrive ce moment où l’action nous prend aux tripes ; c’est simple, je ne pouvais plus m’arrêter. On nous sert aussi des louches de sensorialité et d’émotions dont on ne se remet pas facilement. Et même si la fin me laisse une pointe de regrets, je conclus sur un mot : ÉPIQUE !
Dans « Les Corbeaux de Mereng » et « Vous mourrez tous ! », on trouve des récits plus distanciés, néanmoins parfaitement fondus dans l’intrigue générale. L’auteur arrive à nuancer plus distinctement des personnages qui, dans ce genre, pourraient être dépeints comme « manichéens ». Ce sont malgré tout les deux qui m’ont le moins plu, car elles sont davantage centrée sur les combats (parfois plutôt glauques), moins sur l’introspection. Mais j’y ai trouvé de magnifiques inspirations pour mon propre roman fantasy et je ne peux que remercier Fabrice d’avoir éveillé cela en moi. 😊
« Le Dernier Bastion » mérite amplement sa récompense et la deuxième position de mes préférences, bien que je l’aie trouvée un peu longue à se mettre en place, et légèrement noyée dans le nombre de personnages conséquent. Elle termine merveilleusement bien la boucle, dans tous les sens du terme. On y trouve les pires tortures du bouquin, originalement terribles (la Jupe Sanglante…), dans un même temps affreusement poignantes, habitées d’une vision des choses profondes, et là encore ponctuées de philosophie. On pourrait trouver le raccourci « cannibales = noirs » facile, mais là encore l’auteur apporte de la nuance à ces conflits, ces guerres éternelles qui parfois perdent leur but premier.
Globalement, dans ces Chroniques, tout est gris : pas de méchants ou de gentils, juste un monde à apprivoiser. Et tout ça prend aux tripes, nous permet à la fois d’en apprendre plus sur des coutumes introduites auparavant (je pense aux yeux du bélénide ♥).
L’unique reproche que je puisse faire en terme d’ambiance et d’environnement et que, lorsque j’ai cessé d’être dans des envies de meurtre passagères (oui, ça m’arrive), les scènes de violence m’ont moins captivée. Aussi, je pense que cet ouvrage n’est pas forcément adapté à tout lecteur et qu’il faut tout de même s’attendre à des phases un peu dures à lire si on n’est pas habitué au genre… ou si on aime que les Bisounours. 5/6

Personnages : Tout du long, l’auteur n’hésite pas à mutiler ou à tuer ses personnages. Mais attention, ce n’est jamais gratuit ! Sanglant peut-être, mais ce sont des évènements qui ont du sens, qui font bouger ceux qui restent et doivent continuer d’avancer. On n’entre pas non plus dans le cliché traditionnel du mentor qui décède et fait grandir le héros. L’initiation va plus loin, Fabrice s’adresse à des adultes et les questionnements qui en découlent ont beaucoup résonné en moi.
Aussi, même si Bastan m’a semblé trop jeune et borné, Elpheem trop amoureux et accroché à Vashi, j’ai craqué sur Mareen et Rawenna, deux femmes aux destins et aux convictions marquées ! Certains deuxièmes rôles m’ont beaucoup séduite également, par leur humanité et les sujets qu’ils amènent, comme la petite Keeza. D’ailleurs, les blessures des personnages ne sont jamais vraiment cicatrisées, qu’elles soient physiques ou mentales, ce qui nous trempe dans une hémorragie constante de pensées ultra intéressantes sur le sens du combat qu’on peut mener dans notre monde.
Au final, Fabrice Pittet a réussi à me faire apprécier des gens que je n’aurais pas aimé côtoyer, notamment un vrai criminel, un mercenaire recherchant la gloire… et même un monstre gluant qui mange des cadavres. Si ça, ce n’est pas être doué ! 6/6

Fin surprenante ? J’ai mesuré le vrai talent de Fabrice Pittet dans les dernières pages de son livre. Cette façon d’imbriquer les éléments entre eux, d’y glisser des clins d’œil. Cet ouvrage est bien plus recherché, travaillé et investi qu’un simple recueil de nouvelles. Parce qu’en plus de créer des liens subtils entre ses héros, il construit plusieurs temporalités et nous fait réfléchir la façon dont les monstres (Humains ou non) se mélangent sur l’Étoile afin de former un tout. C’est pour ça qu’à mon sens, il s’agit d’un vrai roman, pensé dans son entièreté et construit en chapitres indépendants, étroitement liés les uns aux autres. Ceci au point qu’on se sente appartenir à l’aventure. 6/6

Moyenne : C’est un livre à lire quand on a des envies de meurtre – ça défoule –, mais pas seulement. Car derrière la violence se cachent de grands cœurs, une intrigue idéalement ficelée, des récits savamment agencé. Tout cela pour nous faire découvrir l’univers de l’Étoile, pensé dans son ensemble. Et cet univers si loin du nôtre rapproche les Humains d’une sincérité qui leur semble avoir perdu, par les temps qui courent. Alors foncez dans le tas comme un bourrin ! Ça en vaudra la peine. 😉 5.4/6

Ça vous dirait de vous plonger dans « Les Chroniques Écarlates » ? Quelques coups d’épée ne font jamais de mal. À moins que vous préfériez les flèches ?

À très bientôt entre nos lignes. ♥

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