Chers amis des mots,
Je ne connaissais Delphine de Vigan que de nom, avant de découvrir cet ouvrage. « Les gratitudes » aux Éditions JCLattès a beaucoup remué la sphère bookstagram, je me le suis donc procuré sans trop attendre. Et… il y avait longtemps que je n’avais pas autant pleuré en lisant. J’ai pris tellement de souvenirs dans ma figure… Encore une claque. Encore un coup de cœur. ♥

Bref synopsis personnel : C’est l’histoire de Michka, une dame qui perd progressivement la parole et qui tombe. Autour d’elle, Marie (une proche pas comme les autres) et Jérôme (l’orthophoniste) rodent pour la rattraper. Toujours. Ses souvenirs la gagnent, tout comme son envie viscérale de dire « merci ». Vraiment merci.
Mots couchés dans mon carnet : Les phrases sont courtes, vont droit au but avec un langage qui parle. Émotion.
Marie nous parle de Michka affectueusement, sincèrement. C’est poignant. Je pense à Madame F., de laquelle je me suis occupée durant un stage, qui se cramponnait à son fauteuil, effrayée. C’est saisissant.
Puis il y a ce rêve. Scandale, je bondis. Mais Michka danse. Elle danse pour oublier le stress, l’angoisse, l’inadmissible.
Je songe aussi à mon expérience d’assistante sociale en hôpital gériatrique. J’y vois tous les résonnements des personnes âgées. La réalité revient. Ça me brise le cœur.
Je trouve tout de suite Jérôme attachant. Il me fait penser à Adrian, personnage de mon propre roman. Il aime profondément son métier, les personnes desquelles il s’occupe quotidiennement. La clairvoyance de Michka me touche. On apprend mieux à connaître Jérôme grâce à quelques lignes de dialogues qu’on peut penser anodines. Très fort.
Les remords viennent en rêve, en cauchemars chez Michka. C’est horrible.
Lorsque Michka se trompe, les mots « faux » choisis par l’auteur son si fins, l’émotion de cette dame si palpable. Il arrive aussi qu’elle trouve les mots et c’est merveilleux (pages 78-79). Le lien qu’elle entretient avec Marie me rappelle celui que j’ai eu avec ma si chère Tata Lulu. ♥
J’ai ri en page 84, me suis laissée séduire par les pages 95-96 (sublimes) et j’ai re-ri en pages 98-99. C’est la magie de ce bouquin. Car ensuite les pages 105 et 112 sont très dures, me dessèchent. Les réflexions internes de Michka me bouleversent, son lien avec la Suisse aussi.
Certains dialogues me font penser à du théâtre, c’est très clair, bien « interprété ». Les pages 130-131 et 135 m’ont achevée. Et la 143 m’a rappelé encore une fois Madame F., apaisée lorsque je lui racontais des histoires. Les larmes de joie arrivent en page 146, la 157 me submerge de beauté, la 158 hurle « Dignité ! ». Je trouve particulièrement déloyal de la part de l’auteur d’utiliser des paroles de Brel… 😊
L’une des plus belles déclarations d’amour en page 167 et je suis définitivement conquise en page 171.
Résumé : 5/6
Narration : 6/6
Ambiance/Environnement : 5.5/6
Personnages : 6/6
Fin : 6/6
Moyenne : 5.7/6
C’est un livre qui rappelle le souvenir des belles choses. Celles qu’on partage avec ceux qu’on aime, mais aussi celles qu’on a oublié de dire et qu’on ne pourra plus confier. C’est un roman que je relirai pour le plaisir de pleurer, d’oublier la culpabilité. Il est temps de vivre les choses, avec eux tous.
Vous ai-je donné envie de lire « Les gratitudes » ? Avez-vous l’impression de dire assez « merci » dans votre vie ? Appréciez-vous ces livres qui nous incitent à le faire ? Avez-vous lu ce livre ? Si non, foncez.
À très bientôt entre nos lignes. ♥